Rencontre sous la pluie. [PV Sybil]

Messages : 127 Date d'inscription : 25/09/2012

Lirades 16 Matail

Un temps pluvieux. Encore. Je détestait sentir de l'eau sur mes oreilles. Pourtant, je n'était pas à l'abris là. J'étais posé sur le toit d'une maison, complètement affalé en regardant le ciel. Il était presque aussi gris que mes yeux. Par contre, il n'avait pas de reflets bleus lui, AH ! Les gouttes tapait sur mon visage, ce que je n'aimais pas. Je me relevais alors pour m’asseoir. J'aimais bien voir le spectacle des gens sous la pluie. Tous couraient, essayant de fuir l'eau. Ça me faisait bien rire. Ils allaient tous se réfugier chez eux, pour se mettre à l'abris près de leur cheminées. Je soupirais doucement. Ah, un chez moi... Je n'en aurais probablement jamais.

Pourtant, une personne dans ce show de gens courant d'un bout à l'autre de la ville ne semblait pas suivre les autres. C'était une jeune fille, une louve à en juger par sa queue et ses oreilles dépassant. Elle ne bougeait pas, elle était assise sur un banc, tranquillement, comme si elle ne remarquait pas la pluie. Je la regardais, m'attendant à la voir partir en courant sous la pluie. Ce qu'elle ne fit pas. Elle restait là, statique. Comme si elle était ailleurs. Intrigué, je me levais, et sautait en face d'elle. J'ai failli me louper et tomber à ses pieds, mais j'avais réussi à me réceptionner. Heureusement, j'aurais bien eu la honte sinon...

Je me penchais vers elle, avec un grand sourire bien "Sarenique". Elle était plutôt jolie vue de près. Mais elle avait un air renfrogné et assez méchant en soit. C'était plutôt cool !

-Excuse moi, mais, je crois qu'il pleut...

Dis comme ça, c'était un peu méchant, non ? Ça faisait vraiment "Tu es stupide ? T'as même pas vu qu'il pleuvait !" Je ne voulais pas paraître méchant, et encore moins la faire fuir, je me raclait alors la gorge et affichait un sourire gêné.

-Enfin je veux dire... Si tu reste là tu va être trempée tu sais.

Elle allait me prendre pour un fou. Ou un imbécile. On voyait au premier coup d'oeil qu'il pleuvait, et généralement, quand quelqu'un reste sous la pluie ben... Il est mouillé. Comme moi en ce moment. Je n'avais qu'une envie, aller me secouer dans un coin et me sécher un peu. Avoir le poil mouillé, c'est franchement désagréable ! Je suppose qu'elle ne devait pas aimer ça non plus, comme la plupart des loups-garous.

Ce n'est qu'après un moment que je remarquais que je ne m'étais pas présenté. J'allais encore passé pour une malpoli, ou pour un rustre... Franchement, j'ai vraiment une mauvaise image, je devais avoir une de ces réputation en ville...

-Oh euh... Je m’appelle Saren au fait.

La pluie continuait incessablement de tomber. Sybil venait d'achever une énième visite à Monryu, sa seule envie était de repartir. Hors, le temps lui tapait sur les nerfs. L'eau avait rendu sa cape totalement trempée et inutile. Elle avait donc decidé de l'enlever. De toute façon, quelle différence cela faisait ? Elle arborait un haut vert foncé aux manches longues et un simple pantalon en toile bleu foncée. Sybil n'était pas habituée aux pullls car ils lui procuraient des démangeaisons.

Tandis que les seules personnes dehors se précipitaient de rentrer chez eux, la louve intrépide aperçut un banc et s'y assit. Elle était fatiguée de marcher, son train pour l'Est du pays - elle ne savait où elle allait précisèment - devait partir le lendemain. La lycantrope pouvait prendre son temps pour se reposer un peu et se laissait arroser. Ce qui tombait bien car Sybil n'avait pratiquement jamais l'occasion de prendre des douches, elle vivait du minimum nécessaire.

Les mains croisées, la tête repliée, elle pouvait sentir toute cette eau tomber sur ses oreilles et les gouttes descendre jusqu'au bout de ses cheveux. Comme paralysée, la jeune fille avait fermé les yeux. C'est pourquoi, en premier temps, elle ne vit pas et ne s'apercut pas qu'un homme se dirigeait vers elle. Il se pencha vers elle en souriant et s'exclama. La petite Hildebert sursauta et leva son visage d'un air incompris en direction de l'inconnu.

Il lui fit remarqué qu'il pleuvait. Ses oreilles s'abatut et ses yeux affichèrent le message : "Non, sérieux ?! J'avais pas vu !". Tout de suite, l'homme, qui s'avérait être un loup-garou, se montra géné et déclara une évidence. Il était normal qu'en restant sous la pluie, on finisse trempé. Sybil venait de tomber sur quelqu'un de potentiellement plus stupide qu'elle. Sauf qu'elle le considérait déjà beaucoup comme un idiot. Elle décroisa ses mains et les mit dans ses poches en s'écriant :

- Et alors ? C'est interdit de rester là peut-être ?!

Quelle que soit sa réponse, Sybile ne comptait pas bougé. Et s'il lui annoncer que c'était bel et bien interdit, elle aurait fermement décidé à l'embêter. Or, le loup ne fit rien de tel, il se présenta. Elle n'avait aucune envie de sympatiser mais elle ne voulait pas laisser un imbélice rester dans l'ignorance de son nom.

- Sybil, et puis qu'est ce que ça peut te faire que je sois trempée ! Cria-t-elle alors que ses yeux montraient une agressivité certaine. Ce n'était pas le bon jour pour l'énerver.

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La fille en face de moi n'était pas comme les autres, j'en étais sûr. Elle n'avait pas "fondu" en me voyant, comme la plupart le faisait. Enfin, une fille qui n'allait pas devenir complètement débile en m'adressant la parole ! Ses oreilles s’abattues et je pu lire dans son expression que ce que je lui avais dis était évident. Et elle avait tout à fait raison, je n'aurais pas du commencer cette conversation comme ça. Elle décroisa les mains, les mis dans ses poches et commença à s'emporter.

Elle me dit en criant, que ce n'était pas interdit d'être ici. Quel tempérament ! Un tel caractère reflétait bien une louve, pour sûr. Une forte, une battante, elle ne se laissait pas marcher sur les pieds. Je la regardais avec intérêt. Une fille comme elle, c'était rare désormais. Toutes celles que je connaissais étaient devenues des petites filles précieuses qui ont peur de leur ombre... Une honte aux loups-garous, si on veut mon avis.

-C'est que, je n'aimerais pas qu... commençais-je.

Mais, elle ne me laissa pas le temps de continuer, elle cria de nouveau, mais cette fois pour se présenter. Elle s’appelait Sybil, et me demandait ce que ça pouvait bien faire qu'elle soit trempée. Son expression était très agressive, mais pourtant, je continuais à sourire. Elle me plaisait bien cette Sybil ! Et ce n'était pas son caractère sauvage qui allait me faire partir, au contraire.

-Je n'aimerais pas qu'un si joli visage que le tient soit gâché par la pluie, continuais-je alors, avec un sourire en coin. ( http://media.tumblr.com/tumblr_loy5kuELLl1qcef94.gif ! xD)

Je n'étais pas entrain de la draguer, du moins je ne pense pas, c'était juste ma personnalité qui voulait ça. Et puis, il fallait dire qu'elle était vraiment jolie, malgré son agressivité certaine. En fait, c'était probablement ça qui faisait son charme. Enfin, il faut que j'arrête de penser à ça sinon elle va penser que je suis entrain de la reluquer de partout. J'ai pas envie de passer pour un pervers moi.

Je n'avais pas envie de rester ici. J'avais envie d'aller marcher, même sous la pluie, après tout j'étais déjà trempé. Et si je l'invitais ? Je m'attendais bien sûr à un "non" catégorique, mais qui sait, j'aurais peut être un peu de chance ? Ce n'est pas comme si je la demandais en mariage ou si je lui demandais de venir commettre un meurtre avec moi, je voulais juste l'inviter à faire une promenade quoi. Je pris mon courage à deux mains, et lui tendis une des mienne.

-Ça te dirais une promenade ? Rien de romantique, hein. C'est pas un rencard, juste une promenade.

Elle ne l'avait pas laissé dire un mot, mais cela importait peu car il put facilement se rattraper. Or, sa remarque ne fit absolument pas plaisir à Sybil, si tel était son but. Elle le prit comme une insulte et ses nerfs commencèrent se crisper. Son visage s'emplit de colère. "Moi ?! Jolie ?! En voilà une mauvaise nouvelle, manquait plus que ça... Pour qui il se prend ce loup ?!" se dit-elle dans un monologue intérieur. Comment quelqu'un pouvait trouver qu'elle avait un joli un visage ? Ou, en tout cas, qui oserait la complimenter ? Surement un de ses passionnés au suicide. Comme une parfaite idiote, la louve préféra répondre à, ce qu'elle croyait être, une provocation.

- On verra si ta face sera aussi "joli" quand je l'aurai défiguré !

Malgré la pluie battante et le son des gouttes sur les toits creux, on aurait pu entendre Sybil jusqu'à l'autre bout de la ville. Évidemment, c'était exagéré. Cependant, sa voix faisait écho d'une façon très impressionnante. Sa proposition d'une promenade, son insistance sur le fait qu'elle ne soit pas romantique, la lycanthrope n'avait plus aucun doute : Il se moquait ouvertement d'elle. Avait-elle, retournait-elle, l'image d'une fille avec qui on se promène et cueille des fleurs dans un quelconque jardin ?! Non, jamais Sybil ne ferait de telles absurdités. Elle pourrait faire pire mais dans aucun contexte aussi fictif.

- Tu me prends pour qui ?! Ton chien ?! Annonça-t-elle sur le même ton que la phrase précédente.

Hors de question qu'elle bouge. Elle ne comptait pas en plus suivre les ordres ou conseils de ce loup efféminé et moqueur qui commençait à lui taper sur le système. Elle savait, malgré son idiotie, comme allait finir cette discussion. Sybil allait certainement se lever, le prendre par le col et le menacer de tous les noms avant le tabasser jusqu'à ce que les yeux lui en sortent. elle n'essayait même pas de se retenir. Quand ce moment arriverait, il lui permettra peut-être de se détendre et de passer sa colère sur quelque chose. Bien que, dans le cas présent, ce soit quelqu'un.

- J'aime pas qu'on se moque de moi ! Si tu veux te battre, dis le directement. Proposea-t-elle à ce Saren. Sinon tu te barres et tu vas pleurer derrière la jupe de ta mère.

Et bien que Sybil ne connaissait pas la signification de "pleurer derrière les jupes de sa mère", elle l'avait miraculeusement bien utilisé. La jeune femme ne voulait plus perdre une seconde de plus en sa compagnie qui lui était insupportable.

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Étrangement, la jeune fille en face de moi ne semblait pas apprécier mon compliment. Bien au contraire, elle se renfrogna et me menaça même. Je dois avouer que je ne m'y attendais pas. Peut-être qu'elle était gênée et que du coup elle avait répondu au quart de tour ? C'était peu probable, vu son caractère. Alors, elle était vraiment en colère ? Quel genre de fille peut bien être en colère quand on l'a dit jolie ? C'était intéressant, et intriguant. Cette fille n'était pas comme les autres, ça, c'était certain. Elle était difficile à cerner, imprévisible, le genre de fille qui ne se laisse jamais marcher sur les pieds, et qui va même jusqu'à chercher la bagarre. Le type de fille que je ne rencontrais jamais. Le type de fille qui arrivait à me plaire, contrairement à toutes ces autres petites princesses parfaites qui passent leur temps à glousser et à geindre au moindre problème. Cette fille, c'est ce qu'on appelle un "Perle Rare".

Je ne répondis pas à sa provocation. Mais je ne souriais plus, pour ne pas la provoquer moi même. Je ne voulais pas encore plus la brusquer. Je m'y étais mal pris, il ne suffisait pas de la complimenter pour qu'elle craque, non. Il fallait rentrer dans son jeu. Il fallait être comme elle, être même plus qu'elle. Elle me demanda si je la prenais pour son chien. Insolite, pour une louve. Elle n'avait pas du comprendre ma demande, ou alors elle l'avait aussi mal prise. Fallait-il que je sois agressif ? Non, je ne pouvais pas. Je suis quelqu'un de gentil, faire de mal à quelqu'un pour le plaisir n'était pas dans mes cordes, quoi qu'on en dise. Vu qu'elle n'était pas décidée à bouger, je m'asseyais à coté elle sur le banc, en gardant bien évidemment mes distances.

-Si tu ne veux pas bouger, c'est moi qui reste. dis-je d'un ton sec

Voilà, maintenant j'allais faire mon pot de colle. Enfin, pas vraiment. Je voulais juste en apprendre plus sur elle maintenant. C'est qu'elle avait éveillé ma curiosité cette fille ! Et puis, on faisait partie de la même famille non ? Être loup-garous, c'est faire partie d'une même et grande famille. On se connait un peu tous en fait. Lorsque je fut assis, elle m'adressa de nouveau la parole. Cette fois pour me dire qu'elle n'aimait pas qu'on se moque d'elle, et que si je voulais me battre, je devais le dire. Elle enchaîna ensuite. Me disant que sinon, je pouvais partir, et aller pleurer dans les jupes de ma mère. Ma mère... Ah, c'était drôle, je ne pensais pas pouvoir pleurer dans ses jupes, là où elle était désormais. Je la regardais, avec un léger sourire.

-Je risque d'avoir du mal d'aller pleurer dans ses jupes, tu sais ? Depuis qu'elle est morte, tout ça...

En disant ça, je ne cherchais pas son réconfort, ni sa pitié. Non. Je détestais que les gens aient pitié de moi. Depuis que je suis tout petit c'est comme ça. "Oh regardez, c'est Saren Arterius, l'orphelin !" "Ses parents sont morts, il vit seul maintenant !" Le regard des autres... Tout ces gens qui parlent sans rien connaitre. Il pense savoir ce que j'ai ressentis ? Ils n'en savent rien oui ! Tout ce qu'ils voyaient, c'était un enfant seul, et c'est tout. Ils ne voyaient que ça. Je savais qu'en lui disant ça, j'allais énerver Sybil. Mais tant pis, c'était l'occasion de voir si elle avait un minimum se sentiment. A la voir ainsi, il y avait deux possibilités. Soit, elle n'a plus de parents, comme moi. Soit, elle a fait une fugue. C'est peut-être même les deux.

Je m'appuyais ensuite contre le dossier du banc, mis mes mains derrière ma nuque et croisa mes jambes et me mit à chantonner ma chanson préférée en anglais. "I try my best to block out the screams. But they're haunting me in my dreams. Please, break my shackles, I want it to stop." C'était naturel, les paroles me virent ainsi, comme si c'était normal. J'oubliais cette fille, j'oubliais tout. Je repensais juste à mon enfance... L'enfance que j'ai passé à chanter cette chanson, tout en jouant du violon. Aah, mon violon... Qu'était-il devenu ? Il a du rester à Jaenis, probablement. C'était un héritage de mon père, mais je n'ai pas pu le garder. Il était trop important apparemment. N'empêche, j'aurais bien aimé le récupérer, parait que ça détend de jouer d'un instrument. Je murmurais encore ces mots. "I try my best to block out the screams." Les cris que j'entendais toutes les nuits. "But they're haunting me in my dreams." Mes rêves, hantés par la mort de mes parents. "Please, break my shackles, I want it to stop." Quand je voulais tout oublier. Mais évidemment, tout est resté.

Je soupirais ensuite, et fermait les yeux. Je venais de me rappeler que cette louve était toujours là. Je sentais qu'elle n'allait pas aimer ma petite interlude de chant. Ou peut-être allait elle la reconnaître ? Si ça se trouve, on s'était déjà rencontré à Jaenis, qui sait.

HRP : 909 mots oO J'étais inspirée xD

Il resta et s'assit à côté d'elle. Plutôt à distance d'elle au final mais bel et bien sur le même banc. Sybil ne pouvait pratiquement plus le supporter, lui résister autant de temps était insoutenable pour elle. Il devait forcément masochiste ou quelque chose de la sorte ! Mais son attitude se calma et elle se retint de l'insulter une énième fois quand il lui informa de la mort de sa mère. Que ce soit des mensonges ou la réalité, elle compatissait contre son gré. Comment pouvait-elle resté indifférence ? Mais quel intérêt avait-elle à le savoir ? Quel intérêt pour lui de lui dire ?! Quoi qu'il en soit, cela avait cloué le bec, ou plutôt la gueule, de Sybil.

Et c'était un exploit car les Hildebert ne se laissait pas si bien faire. Chacune des guerres auxquelles ils avaient participé, ils les avaient gagnées et avaient eu le dernier mot. Bien qu'ils n'étaient connu que dans une seule région de Jaenis, on les craignait comme un clan qui faisait coulait le sang de leurs ennemis mais qui ne sacrifiait jamais le sien pour ses alliés. Il avait bâti sa fortune sur sa cruauté et la peur de ses opposants. Sybil n'était pas bien différente mais elle n'était pas reconnue en mettant le pied dehors. Personne, en tout cas peu de gens, la connaissait et elle n'inspirait pas la peur par la prononciation de son nom.

Le jeune loup se détendit, comme s'il allait s'endormir sur le banc. Mais malheureusement, ce ne fut pas ce qu'il fit. Il se mit à chantonner un air. Cette mélodie, Sybil ne la connaissait pas. Ne comprenant qu'à moitié, elle appréciait cependant les paroles. Ces dernières commencèrent à se répéter dans sa tête jusqu'à ce qu'elle n'est plus que ça à l'esprit. La chanson lui donnait le souvenir d'elle, enfermée derrière les barreaux de la maison familiale. Ce rappel ne resta pas plus longtemps, il s'arrêta de fredonner.

- Hey Machin... Euuuuh, Saren c'est ça ? dit-elle avant de marquer une longue pause.

Probablement pour bien réfléchir à comment formuler ses propos. C'était une question sincère, une des rares requêtes que prononce cette louve indépendante, il fallait être aimable maintenant. Évidemment, la subtilité n'était du ressort à Sybil. Elle disait les choses franchement sur un ton désinvolte en regardant dans les yeux. C'est pourquoi, après avoir trouvé une phrase qui lui plaisait, elle l’annonça :

- J'ai rien contre le fait que tu fasse de la musique, mais si tu pouvais le faire AILLEURS... Ca me plairait tu vois ?

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Chanter sous la pluie me mettait toujours de bonne humeur. Je ne sais pas pourquoi, ça me rendait nostalgique, et j'adorais ça. Cependant, je ne pouvais pas continuer à chanter comme ça bien longtemps. Sybil prononça mon nom, ce qui m'étonna un peu. Elle voulait que j'aille chanter ailleurs. C'était stupide mais... J'avais complètement oublié que j'avais chanté devant elle. Un air gêné s'afficha sur mon visage, et mes joues commencèrent à prendre des couleurs. Eh oui, moi qui était le roi pour embarrasser les gens, j'étais moi même embarrassé. L'arroseur arrosé, comme on dit. N’empêche, pour qu'elle me demande ça, je devais vraiment chanter super mal. Ou alors ça l'ennuyait juste, ça arrive après tout.

- Euh.. Désolé, je ne m’étais pas rendu compte que je chantais.

Essayant de me reprendre, je laissais tomber mon air gêné pour reprendre mon sourire joueur habituel. Sérieusement, y'avait que moi pour chanter devant une fille sans s'en rendre compte. J'avais limite envie de me taper le front, mais elle m'aurait trouvé encore plus bizarre. Et je pense qu'elle devait déjà me trouver assez étrange comme ça ! Bref, que faire maintenant ? Il y avait un de ces silences gênants ou plus personne ne parle... En même temps, j'étais tellement perdu dans mes pensées que je ne parlais plus. Tient, elle n'est pas partie, et elle ne m'a pas mit de baffe... Elle commence à s'habituer à ma présence ? Peut-être qu'elle ne me détestait pas autant alors !

Curieusement, je me mit à penser à quelque chose. Pourquoi est-ce que je ne l'avais jamais vu chez les loups ? A Jaenis, on est très familiaux et amicaux, même pour les moins sympas ou les plus agressifs d'entre nous. Alors elle, pourquoi est-ce que je ne l'avais jamais vu... ? J'étais pourtant plus vieux qu'elle, ça se voyait. J'avais forcément du assister à sa naissance, mais je ne devais pas m'en rappeler. Je fouillais le plus profondément possible dans ma mémoire, mais son visage ne me disait rien. Qui pouvait-elle bien être ? Ma curiosité étant trop grande, je m'approchais un peu plus d'elle, un air totalement intrigué sur le visage.

- Dis moi... Je ne crois pas t'avoir déjà vu à Jaenis. D'où viens-tu ?

Et voilà, c'était dit... Bon bah je n'aurais plus à me torturer l'esprit à coup de fouille pour retrouver un souvenir d'elle. Quoi que... Et si elle ne me répondait pas ? Elle avait un sacré caractère, non ? Donc elle n'était pas forcément obligée de m'avouer d'où elle venait. Et en fait, et si elle venait de Jaenis mais que je ne l'avais tout simplement pas vu ? Ça pourrait l’énerver que je m’intéresse ainsi à sa vie privée. C'est vraiment moi ça, poser des questions d'abord, réfléchir après... Un peu inquiet, je reculais doucement, faisant un légère pause, avant de reprendre ma position initiale. La regardant du coin des yeux, j'ouvris encore la bouche, cette fois pour réparer mes bêtises, ou du moins, essayer.

- Enfin, répond moi seulement si t le veux. Je peux comprendre que tu ne veuille pas partager ton passé. Ça peut être douloureux pour certains... Ou juste secret. Et puis je suis un peu trop curieux alors... Si je vais trop loin avec mes questions, dis le moi. Soudainement je me mis à murmurer par réflexe, parce que je ne voulais pas qu'elle entende ce que je disais. C'est juste que...

Et oui, moi aussi j'avais mes secrets. De lourds secrets, pour la plupart... Et là, je venais d'en développer un nouveau. La fin de ma phrase m'avait échappée, comme si j'avais envie de lui dévoiler ce nouveau secret, mais qu'en même temps j'avais un peu peur de ce qu'elle pourrait dire. Alors, j’espérais juste qu'elle n'avait rien entendu... Cependant les loups ont un ouïe très bien développée. Bref, croisons les doigts, et les doigts de pieds avec !

Un visage gêné apparut dans les traits du jeune loup. Sybil sourit du coin des lèvres comme récompense d'avoir repris le dessus. Voilà quelqu'un d'encore plus stupide pour ne pas s'apercevoir de ses propres actes. Elle aimait ce sentiment de domination subtile, quand l'ennemi baissait la tête et rangeait sa queue entre les pattes. La louve se serait bien mit à rire mais elle se retint, de peur de se voiler la face. Elle se contenta de pouffer de rire, la main devant les crocs pour éviter d'exploser d'amusement. Par malheur, la question suivante la gela.

Elle se posa en direction de Saren des yeux sang menaçants comme la peste. Quelles secondes s'écoulèrent puis elle se leva, s'approcha de sa cible et se pencha de sorte à aligner son regard pesant à celui de sa proie. Seul quelques centimètres les séparaient. Les sourcils crispés, les oreilles baissés, les pupilles dilatés, les poils hérissées, Sybil ne cacha pas sa colère silencieuse. Elle n'aimait pas qu'on lui pose des questions, et de plus sur son origine ! C'était tout simplement tabou, même avec ses plus proches connaissances. Alors comment un inconnu pouvait-il se permettre ?! C'en était un peu trop.

Évidemment qu'il n'avait jamais pu la croiser ou même la voir, elle avait passer son enfance enfermée entre les quatre murs de la villa familiale. Étouffée par la pression des riches traditions, asphyxiée par l'ennui chaque jour et étranglée par le contrôle de son père, si cette déesse n'avait pas été là, elle aurait pu jouir de sa liberté et de son enfance comme chaque gamine de son âge. Au lieu de ça, elle avait nourri une rage infinie que la louve regrettait au fin fond d’elle-même. De plus, à part s'il habitait dans la région et qu'il faisait parti du beau monde ou du clan Hildebert, il n'avait pu connaitre son nom.

Au moment où ses lèvres se ré-ouvrèrent de nouveau, elle le saisit par le col et le bascula en arrière. Tandis que ses mots continuer de jaillir, elle ne tenta aucune agression mais on pouvait sentir que Sybil n’appréciait pas la remarque.

- T'as vraiment besoin de le savoir ?! Hein ! Ça te dérange à ce point de ne m'avoir jamais vu ?!!

Il n'y avait pas de quoi s'énerver. Il n'y avait aucune raison. Il n'y avait rien de si grave dans ses paroles. Enfin, ce fut ce que Sybil essaya de se convaincre. Elle relâcha ses poings et tenta de se ressaisir. Assise de nouveau sur le banc, elle ferma les paupières et respira de grande bouffée d'air. Vraisemblablement, ce n'était pas une technique de relaxation efficace. La louve enragée était prête à tout pour lui en coller une mais elle continuait de s'en empêcher, se plongeant ainsi dans une réflexion contradictoire comme il en arrivait tant. Elle renversa son dos en arrière et déposa ses bras de chaque cotés de son corps oubliant quelque peu la présence de Saren.

Soudainement, ses lèvres parlèrent d'elle même dans un soupir de fatigue. Il devait être exténuant de s'énerver pour la moindre chose tous les jours, sous une pluie battante et devant des inconnus qui plus est. Au bout d'un moment, ses nerfs aurait bien fini par lâcher.

- Désolé... murmura Sybil laissant derrière elle un vaste silence.

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